Inflammation et cancer : l’identification du rôle du cuivre
Pour la première fois, une équipe de chercheurs de l’Institut Curie, avec des membres impliqués des plateformes ICGex et Curie Bioinformatique dévoilent une chaîne de réactions biochimiques jusque-là inconnue : elle implique le cuivre et conduit à des modifications métaboliques et épigénétiques qui activent l’inflammation et la progression tumorale. Mais ce n’est pas tout : l’équipe de recherche a élaboré un « prototype-médicament » capable d’atténuer tant les mécanismes d’inflammation que les processus potentiellement impliqués dans la dissémination métastatique. Publiés dans la revue Nature, ces résultats laissent entrevoir de nouvelles opportunités thérapeutiques dans le contrôle de l’inflammation et du cancer.
L’inflammation est une réponse naturelle du système immunitaire à l’infection et aux lésions tissulaires. Cependant, lorsque l’inflammation devient chronique, elle peut entraîner diverses maladies, notamment l’arthrite, les maladies cardiaques et le cancer. Par conséquent, comprendre les mécanismes à l’origine de l’inflammation est crucial pour développer de nouveaux traitements pour ces maladies.
Ils ont montré dans l’étude que la glycoprotéine de surface cellulaire CD44 sert d’intermédiaire dans l’absorption des métaux, y compris le cuivre. Ils ont identifié un pool de cuivre(II) chimiquement réactif dans les mitochondries des macrophages inflammatoires qui catalyse le cycle redox du NAD(H) en activant le peroxyde d’hydrogène. Le maintien du NAD+ permet une programmation métabolique et épigénétique vers l’état inflammatoire. Le ciblage du cuivre (II) mitochondrial avec un médicament appelé supformine (LCC-12), un dimère de metformine conçu de manière rationnelle, induit une réduction du pool de NAD(H), conduisant à des états métaboliques et épigénétiques qui s’opposent à l’activation des macrophages. Le LCC-12 interfère avec la plasticité cellulaire dans d’autres contextes et réduit l’inflammation dans des modèles murins d’infections bactériennes et virales.
Ces résultats laissent entrevoir de nouvelles opportunités thérapeutiques dans le contrôle de l’inflammation et du cancer.